Après avoir passé la nuit dans la voiture dans un parking, on se réveillera avec la plage et une petite pomme pour préparer la longue journée qui m'attendait. Je ne savais pas exactement dans quoi je m'embarquais, je savais juste que j'allais jouer l'assistant photographe pour de l'éditorial mode à Cannes. Je pensais voir un peu des têtes connus qui ont foulés le tapis rouge, je serais bien déçu.
Ce fut en clair ma pire expérience dans le monde de la photo.
Malgré le cadre paradisiaque, la description du boulot qui me semblait plus qu'intéressant, cela ne s'est pas très bien passé.
Après m'être réveillé à 7h après une courte et difficile nuit, je me retrouve à passé toute la matinée dans le couloir du fameux hôtel Martinez avec une autre assistante et le matériel monté et prêt alors que la photographe profitera d'une petite sieste supplémentaire dans la chambre où la modèle se fait maquiller/coiffer. Après un court déjeuner dans la salle de bain, le rythme change soudainement.
Il faut se presser, il faut être réactif. Nous sommes déjà mis sous pression. Toute la journée se déroulera dans une cadence très soutenue avec sans cesse des reproches avec un ton d'énervement parfois blessant. Nous n'allons jamais assez vite. Et mes petits ratés de tête-en-l'air ne feront qu'empirer la situation. Durant toute l'après-midi, notre rôle sera de préparer le set d'éclairage dans les différents lieux de prise de vue. La difficulté étant que les lieux ne se situaient jamais dans le même étage. À la fin de la journée, sans dire au revoir, la photographe nous quitte soudainement avec les dernières indications de rangement avant de s'enfuir pour monter les marches.
Voilà comment s'est passé ma journée en tant qu'assistant photographe pour le magazine Grazia Italie avec Rosario Dawson. Encore une expérience qui, bien qu'enrichissante me donne de moins en moins envie de travailler dans ce milieu où les personnes ne faisant pas partis de ce cercle très fermé sont très mal respectées. D'ailleurs, je n'ai aucune envie d'y être intégrer et ce n'est pas dans ce milieu là ni dans ces conditions que j'aimerais me former et pratiquer la photographie.
(La première photo, du dernier lieu de shoot a été prise avec mon portable. J'étais frustré de ne pas avoir eu l'autorisation d'amener mon appareil photo. Sur le toit, la vue imprenable sur la côte me rendait triste de savoir que j'avais passé ma journée enfermé au Martinez)
À la sortie de l'hôtel, je profite du moment de relâchement en me baladant lentement sur la Croisette. Il fait super beau, les rues sont bondées par trois catégories de personnes: les "m'as-tu vu?" très bien coiffés et habillés, les chasseurs de stars, reconnaissables avec leur appareils photo pendu au cou et les accrédités, avec leur pass autour du cou, montrant qu'ils sont rattachés à une presse et venus dans le Sud, comme moi, pour travailler.
Je retrouve avec un grand bonheur mon ami chauffeur qui me reconduira hors de Cannes. On décide de dîner sur la plage, loin du clinquant étouffant de Cannes, au calme. Plus tard dans la nuit, on aura assez de chance pour trouver une place pour deux dans une auberge de jeunesse à Nice.
Parfois, ça me vient sans prévenir, l'accumulation de petits bémols forment un tout qui m'amène dans un petit état de déprime et de doute passager. Je finis par tout remettre en question avec l'impression que je pourrais juste tout abandonner ou mettre de côté pour un temps: la photo, mon quotidien, le peu de chemin parcouru pour passer à autre chose - de totalement différent-. Il y a des jours comme ça où j'ai l'impression que rien ne va et que mon travail ne me satisfait plus du tout.
